Votre panier est actuellement vide !
Sur la route entre Tours et Angers, les clochers tutoient les coteaux et les caves racontent à qui veut l’entendre des histoires de moines et de moûts. Au fil de la Loire, ce fleuve que Stendhal appelait « le plus noble de France », on comprend vite qu’en Val de Loire, le vin n’est jamais très loin de la pierre : tuffeau, troglos ou châteaux, tout semble taillé pour accueillir un verre levé aux nuages ligériens.
Certains planifient des safaris en Afrique, d’autres préfèrent un road trip ligérien entre clochers et canons. À tout prendre, mieux vaut un cabernet franc bien frais qu’un rhinocéros réchauffé, surtout lorsqu’en longeant la Loire on découvre combien ses rives recèlent d’appellations, de panoramas et de caves troglodytiques aux allures de labyrinthe. Se lancer dans cette traversée de la Touraine à l’Anjou, c’est convoquer Rabelais plutôt qu’un guide Michelin – farté certes, mais moins joyeusement bachique.
Un détour par Chinon suffit pour croiser l’ombre de Jeanne d’Arc, mais aussi celle de nos grands rouges ligériens. En 1429, la Pucelle de Domrémy vient rencontrer Charles VII à la forteresse royale de Chinon ; peu importe le vin servi ce jour-là, depuis la réputation du cabernet franc s’est bien installée – et la silhouette souple du vin accompagne aujourd’hui les pas de ceux qui parcourent la ville médiévale. Verre à la main, histoire en bandoulière : l’alliance est naturelle.
Le cliché du couple en goguette flânant à vélo le long de La Loire à Vélo, sacoches pleines de chèvre et de chenin, a la vie dure. Pourtant… il n’est pas si loin de la vérité … surtout depuis que l’itinéraire bien pensé et balisé de la Loire à Vélo existe. Dans cette région classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, tout – ou presque – est aménagé pour accueillir curieux en week-end, amateurs éclairés ou familles en quête d’éveil bucolique.
Commencez votre périple à Tours, accessible en TGV depuis Paris en une heure. Cette ancienne capitale des rois de France conserve un charme intact, surtout du côté de la Place Plumereau où les maisons à colombages penchent amicalement vers les visiteurs. On y commence souvent par un verre de Vouvray, sec ou moelleux selon l’heure… et l’humeur.
À une trentaine de kilomètres à l’ouest, n’omettez pas Azay-le-Rideau. Son château Renaissance semble flotter sur l’Indre, délicatesse architecturale qui mériterait d’être accompagnée d’un blanc sec de Montlouis. Le jardin de Villandry, à quelques kilomètres – accessible en vélo – est un écrin végétal parfait pour une sieste digestive après dégustation.
Sur la route des vins menant à Saumur, n’oubliez pas de faire escale à Chinon, certes, mais laissez-vous aussi séduire par les perles ligériennes de Candes-Saint-Martin et Montsoreau — deux villages qui semblent avoir été dessinés pour illustrer un traité de beauté paisible.
À Montsoreau, le château veille sur la Loire tel un vieux seigneur rêveur, tandis qu’en contrebas, quelques artisans passionnés font revivre une gourmandise d’antan : la Pomme Tapée, lentement déshydratée au four et joliment réhabilitée par la tradition.
C’est aussi ici, entre pierre blonde et reflets d’onde, que l’on savoure la douceur du moment : déjeuner gastronomique au Vert Vert, accord mets-vins aussi délicat que réjouissant, ou bien balade en gabare sur le fleuve avec le domaine des Champs Fleuris, entre gorgées de chenin et confidences de vigneron.
Une parenthèse hors du temps, où chaque halte devient une dégustation du paysage.
À Saumur, le vin prend des bulles. Fiançailles du calcaire et de l’élégance, les blancs effervescents de Saumur Brut rivalisent parfois avec leurs cousins champenois, pour une fraction du prix. Ne manquez pas les caves troglodytiques, véritables cathédrales souterraines depuis lesquelles les champignons et les flacons reposent en silence. Le domaine Ackerman, fondé en 1811, offre un parcours sensoriel appréciable.
Enfin, Angers s’impose comme une porte d’entrée sur les appellations d’Anjou : Savennières, Coteaux du Layon ou Rosé d’Anjou. Le marché de la place Imbach le samedi matin est l’endroit parfait pour dénicher des vins de producteurs ou savourer un fouace tout juste sorti du four. Pour les amateurs de lieux plus discrets, le quartier de la Doutre offre une ambiance hors du temps.
Les incontournables ? Ils sont légion : du Belvédère de la Loire à Montsoreau (vue imprenable au coucher du soleil) aux caves typiques de Brézé (dans les anciennes douves du château), en passant par les guinguettes éphémères en bord de Loire (meilleures en juin et septembre, éviter août : trop de monde, trop de chaleur). Accessible en train régional (réseau Rémi), en voiture ou en vélo électrique pour les téméraires, l’ensemble du parcours reste fluide et serein.
Évitez les dégustations trop formatées, guidées au pas de charge : privilégiez les visites en milieu d’après-midi, jamais après 17h (les vignerons aussi apprécient leur dîner). Et avant de ranger les verres, offrez-vous une halte confidentielle au Domaine de Bois Mozé, à quelques kilomètres de Brissac, où le vigneron commente son cabernet d’Anjou avec l’élégance nonchalante de ceux qui savent que le vin est affaire de patience… comme le coucher du soleil sur la Loire.
Le Domaine des Champs Fleuris déploie ses 26 hectares de vignes au cœur de la région Anjou-Saumur. Le domaine propose une large gamme de vins…
Le Domaine de Bois Mozé déploie ses 37 hectares de vignes au cœur de la région Anjou-Saumur. Le domaine propose une large gamme de vins…
Pour les rêveurs ou les curieux en manque d’imagination, une halte à Candes-Saint-Martin s’impose : ici, la Loire épouse la Vienne, le village est classé parmi les plus beaux de France, et tout donne envie d’un dernier verre… ou d’une promenade digestive loin des sirènes du tourisme de masse.
Comme le disait Rabelais, qui connaissait bien sa Touraine : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Sur les bords de loire, on ajoutera : « Et vin sans partage, n’est que vin sans verbe ». Alors, prêt pour la suite du voyage ?
Diderot affirmait que rien n’est plus dissemblable d’un vin que son voisin d’en face. En longeant la Loire, pourrait-on oser « qu’un terroir en cache mille »…
Si les pierres pouvaient parler, certaines chanteraient peut-être du Barbara, d’autres du Bach… et quelques-unes, celles du coteau de Juigné-sur-Loire, fredonneraient le timbre minéral d’un…
Par une brume matinale sur la Loire, on se surprend à rêver de ces grappes discrètes que le fleuve caresse depuis des siècles. Telle une…