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Ce n’est sans doute pas un hasard si Rabelais, moine, médecin et épicurien, choisit la Loire pour faire parler la dive bouteille. La vallée, ample et sinueuse, semble pensée pour mener ses pas de verre en verre — et ce, sans avoir besoin d’un attelage motorisé. Entre fleuve et coteaux, un itinéraire s’ébauche au rythme lent du voyageur curieux, une escapade vinicole qui vous laisse les mains libres pour lever le coude.
Le week-end commence en gare de Tours, un vendredi après-midi où la lumière dorée s’attarde sur les façades comme un dernier toast au soleil. Ceux qui pensent que l’exploration sans voiture rime avec frustration n’ont clairement jamais troqué leur GPS contre un verre de chenin blanc. La ville de Tours, bien desservie depuis Paris en à peine une heure de TGV, est un point de départ idéal pour un voyage sans volant mais riche en arômes.
Du terroir à la table, sans moteur. Le centre historique de Tours se découvre tout entier à pied. Son quartier médiéval, où bois sculpté et pierre de tuffeau dialoguent en silence, abrite quelques caves à vins fort bien fournies. Une halte aux Halles, au bistrot des Belles Caves ou mieux encore, à la terrasse d’un des cafés de la place Plum’, permet de déguster les beaux flacons locaux sans attendre l’excursion. Mais n’anticipons pas trop : l’exploration vinicole commence véritablement à dix minutes du centre, vélo sous le bras.
Direction Rochecorbon, longeant les bords de Loire par la fameuse piste Loire à Vélo. La location se fait aisément rue Bernard Palissy, à deux pas de l’Office du tourisme. Il faut compter environ 30 minutes pour rejoindre ce charmant village (parfois plus selon la poésie de vos coups de pédale). C’est ici que l’on goute au Vouvray, dans les caves troglodytiques du Château Moncontour, ou chez des vignerons comme le Domaine Le Capitaine ou le Château Gaudrelle, tous accessibles sans permis, mais non sans plaisir.
Petit saut dans le passé : ces caves sculptées dans le tuffeau datent souvent du XVIe siècle. Certaines ont même été creusées après l’extraction des pierres ayant servi à bâtir les châteaux… lesquels, aujourd’hui encore, dominent la vallée tels les témoins d’un âge où la lenteur n’était pas un luxe mais un rythme de vie.
Le lendemain, le train vous mènera à Amboise en une vingtaine de minutes. Patience, car avec son château Renaissance où Leonard de Vinci termina ses jours (et accessoirement son dernier tableau, dit-on…), cette ville mérite que l’on y flâne. L’ascension vers le château royal, bien que modeste, ouvre l’appétit… et la curiosité. Pour prolonger les plaisirs, quelques taxis ou Uber (nouvellement implantés à Tours) permettent de rejoindre Montlouis-sur-Loire, autre terroir de blancs sereins et éthérés.
À noter : la saison estivale voit fleurir les guinguettes comme les lys en bord de fleuve. Celle de Rochecorbon, offre de belles après-midi de dégustations informelles, à base de saucisses grillées, de pét-nat et de valses hésitantes entre deux verres.
Ceux qui disposent d’un jour supplémentaire filent le dimanche vers Saumur, accessible depuis Tours en moins d’une heure. Là, l’ardoise remplace le tuffeau, les crémants pétillent avec élégance, et les caves rivalisent d’ingéniosité pour garder fraîcheur et mystère. Le Cadre Noir n’est pas loin, et si la tentation équestre vous guette, sachez qu’il se visite également… à pied.
Le saviez-vous ? Le chenin blanc, cépage emblématique de la région, peut autant produire des blancs secs d’une tension minérale que des liquoreux amples et profonds. Cette dualité, cette capacité à refléter le sol et la météo comme un miroir du ciel ligérien, en fait l’un des cépages les plus expressifs de France… mais aussi les plus mal compris hors de ses frontières.
Afin d’éviter les écueils touristiques trop prévisibles (et trop bondés), privilégiez comme alternative une visite des jardins de Villandry. Une navette part depuis la gare de Tours (les horaires varient, vérifiez à l’office du tourisme). Peu de monde au retour des foules, et encore assez de lumière pour admirer l’ordonnancement à la française des potagers qui auraient plu au Roi Soleil lui-même.
Et s’il ne fallait retenir qu’une escale ? Rochecorbon, sans hésiter. Son panorama sur la Loire, ses vignerons accessibles à pied, et ses caves troglodytiques offrent un concentré de Val de Loire en version pédestre. Un exemple incarné ? La dégustation crépusculaire au Château Gaudrelle, mêlant mousse de Touraine et silence fluvial, vous réconcilie avec les week-ends où rien ne klaxonne.
Un dernier conseil murmuré entre deux trinques : poussez jusqu’à la toute petite échoppe de la Maison Darragon à Vouvray, à deux pas de l’église, pour y goûter un pétillant brut de méthode traditionnelle qui n’a rien à envier aux grandes maisons champenoises. L’accueil y est aussi craquant que leurs bulles.
Que vous soyez amateur de chenin mûri à la bougie ou curieux flâneur, ce périple entre Tours, Amboise et Saumur offre une autre manière d’aimer le vin : sans volant, mais avec élégance.
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