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À l’automne, lorsque le soleil filtre à travers les feuillages roussis et que les brumes de Loire s’étirent comme dans une toile de Turner, il est un plaisir rare : celui de redécouvrir un vin reposé dans l’oubli complice d’une cave. Le souvenir d’une cuvée ressortie par hasard – tel un mot oublié dans une lettre jaunie – n’est pas sans évoquer Balzac, qui disait du vin « qu’il imprime à l’âme un relief exquis », surtout lorsqu’il est ligérien, élégant et fidèle à son terroir d’origine.
Quand on ouvre une bouteille oubliée – et qu’on s’aperçoit qu’elle a mieux vieilli que nous ! – le temps suspend son fil. C’est un peu ce qui m’est arrivé avec une cuvée du Domaine Mosny, un blanc de Montlouis-sur-Loire redécouvert aux premiers rayons d’un mois de mai. Il faut croire qu’aucun vin ne gît impunément trop longtemps sous la poussière d’une cave : il s’y bonifie, s’y dessine comme un secret qui n’attendait que le bon moment pour s’avouer. Et, franchement, quel meilleur moment que cette saison printanière pour se laisser surprendre par l’élégance minérale d’un Chenin bien né ? (bon c’est vrai, on aurait pu attendre l’automne pour plus de synchro … mais la soif – et la curiosité – n’attendent pas).
Le Montlouis porte en lui une histoire millénaire, ancrée dans ce coteau ligérien jadis sillonné par les moines de Marmoutier aux XIIe siècle. Figurez-vous que c’est en 1938 que les vins de Montlouis obtiennent leur propre Appellation d’Origine Contrôlée, se détachant ainsi symboliquement de Vouvray, leur prestigieux cousin de l’autre rive. Une indépendance œnologique, presque une petite révolution tranquille, digne d’un chapitre égaré des « Illusions perdues »…
Longtemps boudé au profit de noms plus ronflants, ce terroir a pourtant su retrouver ses lettres de noblesse. Et c’est justement pour cela que j’affectionne le domaine Mosny : il ne joue pas la carte du spectaculaire, mais celle, plus fine, du détail juste et du fruit à point. Un vin de vallée dans tous les sens du terme : ample, ondoyant, sincère. Un de ces blancs qui ose allier la douceur des feuilles mortes à une tension de silex, comme un prolongement minéral du paysage.
Voici quelques réflexions pratiques pour qui aimerait s’initier :
Comme souvent dans la Loire, la grâce se niche dans la discrétion. De son étiquette sobre à sa robe dorée sans ostentation, ce Montlouis se distingue par une tension minérale qui rappelle les tuffeaux de la région. Et cette évolution en bouche… quel plaisir. Passées les premières notes de fruits mûrs – poire, coing, presque une figue – surgissent des nuances miellées plus nettes, soutenues par une fine acidité. Le tout, soyeux, sec, presque velouté. Un équilibre rare. Une vraie partition, jouée piano mais en mode majeur.
Et ce n’est pas un hasard. Le Chenin blanc, cépage emblématique de la Loire, offre cette souplesse admirable : capable de sécheresse cristalline comme d’une rondeur liquoreuse, parfois les deux dans la même bouteille. C’est ce que l’on retrouve ici, avec un style que je qualifierais volontiers de classique – et c’est un compliment !
À retenir ? Si vous croisez une bouteille de Montlouis du Domaine Mosny, surtout en fin d’année ou par temps de bruine automnale, n’hésitez pas. Ce vin se marie au silence, à une lecture ou à une volée de feuilles portées par le vent. Un parfait exemple du plaisir simple mais profond que seuls les bons terroirs savent offrir. Pensez à une playlist de jazz doux ou à relire quelques pages de Colette. C’est l’esprit du lieu en verre.
Pour les curieux ou les gourmets contemplatifs, le terroir de Montlouis mérite une halte, un détour. Il récompense celles et ceux qui prennent le temps : comme ces vins, comme les saisons. Et si l’envie vous prend de prolonger cette ambiance, une sélection de cuvées vous attend dans notre rubrique dégustations – à découvrir plus bas, sans urgence, à votre rythme.
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