Votre panier est actuellement vide !
Lorsque Rabelais évoquait le vin de Chinon dans ses écrits – sans doute une des premières campagnes de communication virale en Val de Loire – il n’imaginait peut-être pas que cinq siècles plus tard, une discrète vigne rouge, fine et expressive, continuerait d’enchanter les palais. Entre les méandres de la Vienne et les caves troglodytes encore fraîches en été, un certain rouge murmure ses secrets à qui veut bien l’écouter, verre en main et esprit au repos.

Ah, le rouge que l’on ne range jamais trop vite… Si le cabernet franc était un personnage de cinéma, il serait probablement joué par Jean-Louis Trintignant : réservé, nuancé, mais toujours remarquable quand vient le moment crucial. Ce cépage rouge, longtemps dans l’ombre du plus opulent cabernet sauvignon, a su séduire par son élégance modeste. Dans la Loire, il s’épanouit à merveille, en particulier sur les rives de Touraine et d’Anjou, comme un flâneur inspiré entre Angers et Tours.
C’est dans les appellations de Chinon, Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil que le cabernet franc atteint une pureté remarquable. Là, les vignerons lui prêtent une attention quasi amoureuse, entre sélection parcellaire et vendanges manuelles, cherchant à saisir l’essence même du terroir.

Ce n’est pas d’hier que la Loire signe de rouges soyeux à base de ce cépage. Dès le XIe siècle, les moines de l’abbaye de Bourgueil plantaient les premières vignes de ce que l’on appelait alors le breton — probablement en hommage à l’abbé Breton, considéré comme l’un des premiers à l’avoir acclimaté à la région. L’histoire ne dit pas s’il portait bien la robe, mais ses vins étaient déjà de caractère.
Autre époque, autre charme : dans les années 1950, les caves de tuffeau de Saumur résonnaient de chansons d’Henri Salvador. Aujourd’hui encore, entre ces murs crayeux, naît un vin à la robe grenat, libérant au fil du temps des arômes de cerise noire, de violette et parfois cette note caractéristique de poivron grillé, qui fait la joie des amateurs et le désarroi des cerveaux analytiques.
Rien n’est plus fascinant que de suivre la métamorphose du cabernet franc au fil des vinifications. Traditionnellement, dans la Loire, ces vins se buvaient jeunes, sur leur fruit. On les aimait pour leur fraîcheur, leur fluidité, leur petit rien végétal qui appelait les rillettes et les conversations en plein air. « Quelle bouche ! », disaient les anciens.
Mais le vent tourne. Une génération montante de vignerons ose désormais explorer des expressions plus concentrées et profondes. Extraction douce prolongée, élevage sous bois finement dosé : le cabernet franc devient alors plus structuré, plus tannique, prêt à défier dix années de cave et à sublimer une côte de bœuf maturée.

Offre partenaire

50 nuances de Loire, soigneusement choisies.
C’est notamment le cas dans l’appellation Saumur-Champigny, dont plusieurs domaines, comme celui de Thierry Germain ou du Château Yvonne, s’illustrent par des cuvées fines, à la fois expressives et longilignes. Là, les sols de craie confèrent au vin une minéralité salivante, presque crayeuse, tandis que la vinification peu interventionniste laisse s’exprimer la singularité du millésime.
Parfois floral, parfois épicé, le cabernet franc a cette capacité rare à jouer tous les registres. Sur les sols argilo-calcaires des coteaux ligériens, il donne des vins puissants, aux tanins bien présents, capables d’une garde élégante. Lorsqu’il pousse sur des graviers ou des sables plus légers, le vin se fait plus souple, tout en fraîcheur et en fruit croquant.
Il suffit de comparer un Chinon de Cravant-les-Coteaux, un peu austère dans sa jeunesse, avec un Bourgueil du plateau sablonneux pour saisir la diversité du cépage. Le premier révélera après quelques années des notes de cuir et de graphite, tandis que le second reste sur la groseille et une douce réglisse.

À noter : la vinification en grappes entières – technique souvent utilisée dans la Loire – favorise des fermentations plus longues, apportant au vin à la fois structure et fraîcheur. Une méthode ancienne, réinterprétée aujourd’hui par ceux qui souhaitent restituer l’âme du fruit sans artifice.
L’univers du cabernet franc révèle une élégance discrète, sans ostentation. Un peu comme ces films de Louis Malle ou d’Éric Rohmer, où l’émotion prend le temps de naître. C’est une signature, une atmosphère plus qu’un effet. Le Val de Loire, avec ses châteaux classés, ses fleuves paresseux et ses jardins cultivés, en est le décor idéal.
D’ailleurs, rares sont les buveurs-sincères qui, ayant goûté un Saint-Nicolas-de-Bourgueil frais un soir d’été, ne soient pas revenus, une fois, un automne pluvieux, en quête du même frisson.
En synthèse, mentionnons l’un des porte-étendards cités presque unanimement : le Clos Rougeard, domaine mythique de Saumur, où le cabernet franc atteint son sommet de précision et de poésie. Les rares bouteilles qui circulent encore témoignent d’un savoir-faire transmis avec rigueur et inspiration.
Et si vous passiez à l’action ? Il se pourrait bien qu’un verre versé sur une tarte fine aux champignons ou une simple entrecôte en dise long sur la Loire, autant qu’un guide de cent pages.

C’est entre Touraine et Saumurois que le cabernet franc exprime tout son caractère, infusé des notes crayeuses caractéristiques de tuffeau. Majoritairement vinifié seul, le cabernet…

Si le Pinot Noir est le cépage emblématique de la Bourgogne, on le retrouve également dans la vallée de la Loire, notamment dans les régions…

Originaire de Bourgogne comme son nom l’indique, le Melon de Bourgogne s’est parfaitement adapté au climat océanique du Pays Nantais où il est aujourd’hui exclusivement…

Si le Gamay est le cépage roi du Beaujolais, on le retrouve de manière assez abondante tout au long de la Loire : Chateaumeillant, Valençay,…

Le Côt aussi appelé Malbec dans le Sud-Ouest et en Amérique du Sud, a aussi trouvé un beau lieu de renaissance en Touraine. Même s’il…

Seul cépage autorisé dans les grandes appellations que sont Sancerre et Pouilly-Fumé, on retrouve également le sauvignon blanc en Touraine. Le sauvignon est un cépage…

Le chenin est le cépage emblématique du vignoble de Loire. Il en exprime à la fois la diversité des styles de vins (secs, doux, effervescents)…
![PODCAST [S1E1] – Un fleuve, mille terroirs : à la découverte du vignoble de Loire](https://divineloire.fr/wp-content/uploads/2025/06/vignoble-de-loire-terroirs-1.webp)
Diderot affirmait que rien n’est plus dissemblable d’un vin que son voisin d’en face. En longeant la Loire, pourrait-on oser « qu’un terroir en cache mille »…
![PODCAST [S1E3] – Chinon, Vouvray, Bourgueil : La Sainte Trinité des Vignobles de Touraine](https://divineloire.fr/wp-content/uploads/2025/11/vignobles-touraine-chinon-vouvray-bourgueil-1.webp)
Dans un monde où l’on vend plus de bulles que de souvenirs, certains lieux résistent encore et toujours à l’uniformité. Entre un château Renaissance et…

Quiconque a déjà flâné sur les routes sinueuses de la vallée de la Loire, un verre à la main – idéalement rempli d’un Saumur délicatement…