L’esprit des terriens, cuvée Silices : Pascal Lambert met le Chinon au diapason du sol

Il est des bouteilles qui tombent comme un mot d’esprit au bon moment. Un dimanche midi, alors que le saucisson avant-course laissait place à une conversation animée sur la cuisson de l’agneau, mon beau-frère – toujours prompt à joindre l’utile à l’agréable – posa sur la table une bouteille ramassée à la cave du Leclerc de Fondettes. Encore une fois, son œil affûté et sa passion pour les quilles bien de chez nous firent mouche : ce Chinon-là savait parler à nos palais.

Pas besoin d’être œnologue pour reconnaître dans cette cuvée « Silices » une belle expression du Cabernet Franc ligérien. Pascal Lambert, vigneron convaincu, cisèle depuis des années des vins qui chantent leur terre. Ce n’est pas par hasard s’il a baptisé cette gamme d’un nom presque magique : « Silices ». Sous ce mot se cache un sol sablo-graveleux (rien de grivois pour autant), riche en silice, qui confère au vin tension et fraîcheur. Le genre de terroir qui, au lieu d’imposer son poids, inspire une ligne mélodique.

Les vins de Chinon n’échappent pas aux clichés : parfois trop verts, trop rustiques, trop têtus. Mais ici, rien de ces aspérités caricaturales. En bouche, ce cabernet franc offre un jeu subtil entre les fruits rouges – cerise, framboise – et une violette discrète, presque mutine. Les tanins sont fondus, soyeux, comme policés par le temps ou par le savoir-faire d’un homme de vigne. Et si l’on fronce parfois le nez à l’idée du poivron vert, ici, il s’efface poliment derrière un mot d’excuse épicé.

Ce n’est pas un hasard si la maison Lambert est installée depuis des décennies à Cravant-les-Côteaux, ce fief historique du Chinonais. Le domaine s’est engagé dans la biodynamie depuis le début des années 2000, et chaque millésime en atteste la sincérité. Cette cuvée, en particulier, est issue de vignes travaillées sans produits chimiques, avec mise en bouteille sans filtration excessive. Résultat : un vin vivant, expressif, et terriblement digeste.

Curieusement, c’est dans le verre que l’on comprend le mieux la philosophie de Pascal Lambert. Il ne s’agit pas seulement de vinifier : il s’agit d’écouter le sol, les « silices », ce souffle discret du terroir qui, pour qui sait l’entendre, compose une véritable partition. Du sol au verre, la musique est limpide. Ce vin-là nous a mis, littéralement, à l’unisson.

Pour mémoire, le Chinon de la cuvée « Silices » se déguste idéalement légèrement rafraîchi, autour de 14 °C, et accompagne aussi bien une volaille aux herbes fraîches qu’un chèvre affiné de la région – pensez au Sainte-Maure, pour rester dans la grandeur ligérienne. Et pour les plus patients, quelques années en cave lui donnent une profondeur supplémentaire, sans le délester de sa fraîcheur solaire.

Frères terriens, unissez-vous : parfois, il suffit d’un bon vin pour accorder les esprits. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre sélection de Chinons à découvrir… en bas de page.

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