Les plus grands cabernets francs de la Loire se retrouvent donc au nord et au sud du fleuve dans un triangle Chinon-Bourgeuil-Saumur. Là où les coteaux argilo-calcaires produisent des terroirs qui donnent naissance à des vins complexes, profonds et taillés pour la garde. Mais les confiner dans ce trièdre serait en restreindre le potentiel et la richesse. Sans cabernet franc, point de ces beaux vins rouges d’Anjou loués par Rabelais dans Gargantua. Et encore moins l’agréable finesse des vins produits plus en amont du fleuve royal, sur la néo-appellation Touraine Chenonceaux où assemblé avec le cépage cot, le cabernet franc produits des vins suaves et d’une belle richesse aromatique.
Le cabernet franc est un habitant millénaire de la région. Ce serait un peu avant l’an mil que des moines de l’abbaye de Bourgueil auraient introduit le cépage dans le vignoble. Quand à son surnom « Breton », cela pourrait être le fait de l’abbé éponyme qui en aurait planté des pieds entre Bourgueil et Richelieu il y a plus de trois cents ans ! A moins que cela ne soit dû simplement à son acheminement jusque dans la région via le port de … Nantes … en Bretagne (si, si, à l’époque il n’y avait pas de débat, Nantes se situait bien en pays breton. Le palais des ducs de Bretagne est toujours là pour en attester!).