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Saumur

Saumur, c’est d’abord une silhouette suspendue au-dessus de la Loire, celle de son château aux pierres blondes, surgissant dans la brume comme un mirage de la Renaissance, figé depuis le XVe siècle sur son promontoire de tuffeau. Là, entre ardoise et lumière, bat le cœur d’une cité qui conjugue avec grâce l’élégance militaire – on y trouve l’École de cavalerie depuis 1763 – et l’art de vivre à la française. Mais ce que l’on devine moins derrière les clichés d’équitation et de châteaux, c’est la vibration du sous-sol : cet enchevêtrement de galeries creusées dans la roche calcaire, anciennes carrières devenues caves, régule avec douceur la maturation de vins mousseux élaborés selon la méthode traditionnelle depuis le XIXe siècle – bien avant que l’appellation soit officiellement reconnue en 1957. Saumur effleure le verre avec la légèreté crayeuse du Chenin, cépage roi des blancs tranquilles ou perlants, tandis que ses rouges, souvent nés du Cabernet Franc, révèlent un grain fin et un fruit délicatement poivré, signature d’un terroir à la fois damascéné et aérien. Sous ses airs de carte postale, la région cultive l’équilibre : entre rigueur et souplesse, patrimoine et effervescence, mémoire vive et plaisirs terrestres – à moins que ce ne soit l’inverse.